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Du bout des doigts

Certains sont convaincus que l’insolence réside dans le fait de manger une pizza devant Master Chef.

Je pourrais m’arrêter à cette punchline tellement cette dernière est représentative de l’illusion dont se berce les individus sur leur propre personnalité. On me dit assez régulièrement que je suis insolente. Vous voulez que je vous dise ce que j’en pense ? La vraie insolence ne s’incarne pas dans des verbes d’action… C’est un état. Peu sont de cette trempe et je ne pense pas en être contrairement à ceux que certain peuvent penser.

Dans les temps sombres et incertains que nous vivons, la forme la plus pure d’insolence réside simplement, si je puis le dire ainsi, dans le fait d’être heureux. Pardon… « Heureux », avec un grand « H ». Le bonheur ne supporte pas de demi-mesure, il existe pour voir les choses en grand. J’utiliserais exclusivement le terme « bonheur » ici… De manière pléthorique et ce jusqu’au l’écœurement car aucun autre synonymes ne peut rendre compte de la profondeur de ce concept qui est par essence impertinent.
N’allez pas chercher plus loin, elle se trouve là toute l’insolence de ce monde… Incarnée dans 7 petites lettres mais qui contiennent un nombre incalculable de représentation.

Le bonheur s’approcherait de l’extase selon certains. Pour les autres, ceux qui n’y ont jamais goûté, le bonheur est ressenti comme une audace insupportable voire insultante à leur égard. On vous a déjà narré l’histoire incongrue du « petit nuage » ? Il faut avouer que cela donne envie.
Un état donc où le sens de la réalité n’est plus tout à fait le même, on survole notre propre réalité et l’idée même de devoir atterrir donne des hauts le cœur. Ce qui se passe pour les autres ? On ne s’en préoccupe pas parce que seul compte l’état second dans lequel on se trouve. Tel un junkie avec sa ligne de coke. Chacun sa dose de bonheur, ne touchez pas à la mienne où ça pourrait mal se finir. Elle ne représente que quelques grammes et je ne partage qu’avec les miens. Le bonheur est égoïste voire même exclusif et il n’est jamais à prendre pour acquis. Il ne se présente pas à tous, c’est une vraie conquête pour l’avoir et vous ne serez plus jamais le même être quand vous l’aurez découvert.

Il n’y a que ceux qui ont pleinement vécu cette plénitude qui savent à quel point cela peut relever de l’impertinence. Qui l’a vécu ne saurait le décrire. Les mots sont trop précis pour décrire un état qui lui ne l’est pas par définition. C’est en partie à cause de cela que le bonheur s’apparente, pour une grande majorité d’entre nous, à un mythe incompréhensible car nous ne l’avons jamais vraiment vécu. Bien qu’on le fasse croire à qui veut l’entendre pour ne pas perdre la face mais il y a toujours quelques personnes qu’on ne peut tromper.

Qui suis-je pour parler du bonheur ? Qui sommes nous pour juger les gens heureux ? Des individus amers de ne pas avoir ne serait-ce qu’un instant touché du doigt l’extase qu’est le bonheur ? Probablement. Si c’est le cas, je fais partie de ces gens… Ceux qui l’ont simplement aperçu au bout d’une queue interminable avant qu’ils se dérobent à leur vue. Devant lui il y avait généralement une douleur sourde, des larmes que personne ne voit, une absence au goût âpre et l’envie… L’envie de faire partie de ces gens heureux d’être en vie. Heureusement que les choses les plus sombres se dissipent avec le temps et laissent place aux beaux jours.

Croyez moi… Si le bonheur était un spécialiste remboursé par la Sécu’, les salles d’attente seraient bondé et les rendez-vous seraient pris à l’avance sur plusieurs années. Et pourtant, l’ordonnance avec laquelle nous ressortirions du cabinet serait probablement faite de choses basiques et quotidiennes… Rien d’extraordinaire en somme. Cela prouve que nous ne prêtons plus attention à ce qui nous entoure. Le bonheur est le  plus convoité des luxes, voilà pourquoi il est insolent.

Soyez heureux, mais jamais satisfaits.

Du Vieux